Pas de consensus sur la machine à voter, à 9 mois des élections en RDC

A théoriquement 9 mois des élections, la MP et l’Opposition invitées à lever une option consensuelle. Machine à voter ou imprimante pour rationaliser le vote ? La problématique est très loin de porter sur le concept. Néanmoins, à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), tout comme dans l’opinion, on parle de la machine à voter. Ce qui, aux yeux du commun des mortels congolais, induit un vote électronique. Depuis, cet outil informatique se trouve au centre d’une très vive polémique qui n’a ni cesse ni fin. Faut-il absolument aller aux élections du 23 décembre prochain avec cette machine ?
A priori, la plateforme politique Majorité présidentielle (MP) et l’Opposition n’accordent pas encore leurs violons autour de cette question. A entendre les prises de positions des deux camps, il se trouve que la MP et l’Opposition sont divergentes sur la forme. Cependant, elles convergent sur le fond. Le désaccord porte essentiellement sur l’utilisation ou pas, de la machine à voter. Par contre, tous disent “Oui” au scrutin notoirement prévu pour le 23 décembre de l’année en cours.
Coté l’union pour la nation congolaise, son délégué à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Gustave Omba, vient de lâcher une véritable bombe qui risque de compromettre la suite du processus électoral. Sur sa page Facebook, l’homme de Kamerhe poste qu'”il n’existe pas de contrat formel, validé par la plénière de la Ceni, sur l’achat de la machine à voter”.
Il y a donc risque d’une probable crise à la Ceni, après le pavé du délégué de l’UNC qui s’insurge contre la procédure d’achat de cet outil informatique boudé par une frange importante de l’Opposition politique et de la société civile.
On se souviendra, par ailleurs, qu’au début du mois dernier, lors de la démonstration de l’utilisation de matériel de vote électronique faite par la Ceni, l’UDPS avait déjà soulevé des interrogations quant au mode d’acquisition et de passation de marché de ces machines ainsi que leurs coûts. Le parti de l’opposition avait alors remis une suite de 45 questions à la Commission électorale dont on attend encore les réponses.
Cette fameuse machine à voter suscite également les réactions de la Corée du Sud, qui estime que le recours à la machine à voter par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pourrait «mettre en danger la tenue pacifique et ordonnée des élections», a averti le gouvernement de la Corée du Sud, par le biais de son ambassade à Kinshasa, dans un document rendu public le lundi 2 avril.
«Au vu de la situation actuelle en RDC, la communauté internationale est préoccupée que le gouvernement congolais puisse une fois de plus retarder l’élection ou mettre en danger la tenue pacifique et ordonnée de l’élection», peut-on lire dans ce document intitulé «La position du gouvernement de la République de Corée sur l’utilisation par le gouvernement congolais des machines à voter aux prochaines élections.»
Les machines à voter que compte utiliser la CENI dans la tenue des prochains scrutins sont fabriquées en Corée du Sud. Une organisation coréenne sans but lucratif A-Web, a apporté un soutien technique à la Commission électorale de la RDC en rapport avec l’utilisation de ces machines. Mais la Corée du Sud, précise que cette organisation a rompu ses liens avec le Congo, suivant la position du gouvernement coréen.
Le gouvernement coréen indique avoir expliqué au fabricant de ces machines les risques potentiels en cas d’exportation de ces machines.
«Exporter leurs machines au Congo pourrait donner au gouvernement congolais un prétexte pour des résultats indésirables liés aux élections, notamment le retard additionnel de la tenue des élections, et aussi le danger de devenir une cible des critiques», prévient la Corée du Sud.
Le gouvernement coréen reconnait néanmoins qu’il n’a aucun moyen légal de coercition sur le fabriquant de ces machines. Mais il indique qu’il va poursuivre les concertations avec d’autres pays de la communauté internationale intéressés par la situation de la RDC.
En réaction, le rapporteur de la CENI, Jean-Pierre Kalamba indique que son institution n’est pas inquiète, étant donné que Miru Systems, le fabricant coréen des machines à voter, n’a pas signalé un quelconque problème.
Selon RFI, la Commission électorale de la Corée du Sud a saisi la justice de son pays après des soupçons de malversation contre le secrétaire général d’A-web, une association mondiale de Commissions électorales, basée en Corée, qui faisait justement la promotion de la machine à voter au Congo. Kim-Yong Hi est soupçonné d’avoir favorisé la société coréenne Miru, alors que son organisation est censée favoriser la transparence du processus électoral. La Corée du Sud avait déjà, ces derniers jours, dénoncé l’usage de cette machine au Congo, en évoquant des risques.
Effectivement, Kim-Yong Hi était encore au Congo en décembre dernier pour défendre la machine à voter, présentée par la Commission électorale congolaise comme une invention congolaise et décriée à l’époque par plusieurs partenaires du Congo dont les Etats-Unis. A l’issue d’un audit interne lancée par la Commission coréenne, Kim-Yong Hi a été dénoncé pour pratique commerciale abusive.
Pour sa part, s’il n’y a pas la machine à voter, il n’y aura pas élection cette année ; martèle Corneille Nangaa

Abonnez-vous pour ne plus jamais rater nos prochaines publications.

Les commentaires sont fermés.