Sud-Kivu/Rapport Mapping: Le docteur Dénis Mukwege éclaire les élus provinciaux

Le prix Nobel de la paix, le docteur Dénis Mukwege s’est présenté à l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu ce mercredi 2 juin 2021 pour éclairer l’opinion publique sur l’évolution de la lutte qu’il a toujours menée dans le cadre du rapport Mapping des Nations Unies.

C’était au cours d’une journée porte ouverte à laquelle ont pris part, plusieurs élus provinciaux de la province du Sud-Kivu.
Dans l’hémicycle, plusieurs questions ont été posées au précité. C’est notamment celle liée aux propos qualifiés de négationniste du Président rwandais Paul Kagame attestant qu’il n’y a jamais eu de crimes en RDC, absolument pas, c’est la théorie du double génocide qui est à l’œuvre, avait-il dit.
Étant l’une des figures qui plaident en faveur de la reconnaissance des crimes en RDC, Mukwege est passé en revue l’histoire de la ville de Bukavu en précisant que les auteurs des massacres commis à l’Est de la RDC sont connus et sont toujours vivants. De ce fait, dit-il, ils doivent, qui qu’ils soient et où qu’ils soient, être jugés pour leurs actes.

Cependant, il regrette de constater que, c’est plus la communauté internationale qui s’est appropriée la situation de la RDC pendant que les personnes concernées par ces massacres sont restées sans mot dans la bouche après plus de 20 ans.
” Nous avons une responsabilité en rapport avec ce qui se passe dans le pays, l’histoire de la RDC concerne la population de la RDC, et avant d’interpeller les autres, cette situation doit d’abord nous interpeller nous-mêmes. Mais j’ai l’impression que nous nous sommes déjà accommodés a cette souffrance, je crois que ça cause un problème et ça ne nous permet pas d’aller de l’avant” a-déclaré le Dr Mukwege.

L’homme qui répare les femmes se dit aussi surpris de constater que les personnes qui sont soupçonnées d’avoir participé à des crimes en RDC sont aujourd’hui de hauts gradés, avec des titres de responsabilité dans plusieurs domaines notamment dans la politique et pire encore dans l’armée.
Par ailleurs, il fait savoir que la seule façon d’apporter réparation aux victimes directes et indirectes des massacres en RDC, c’est de leurs rendre justice et plaider pour la réforme de l’armée qui a fait preuve d’échec dans sa mission régalienne qui est celle de protéger la population du pays, plus particulièrement dans la partie est de la RDC.

Pour lui, l’essentiel pour la RDC, « c’est l’institution sur base du rapport Mapping d’un tribunal pénal international pour le Congo.
Le docteur Dénis Mukwege encourage ainsi les élus provinciaux du Sud-Kivu et de toutes les Assemblées provinciales de la RDC à travailler dans l’unité et la solidarité pour que cette lutte arrive jusqu’au bout.

Plusieurs élus ont profité de l’occasion pour exprimer leur satisfaction aux éclairages du docteur Dénis Mukwege. Ils disent être prêts à l’accompagner dans cette lutte qui vise non seulement, à apporter une lueur d’espoir au peuple congolais mais aussi à rendre publique toute personne qui aurait participé de près ou de loin dans les massacres en RDC.
Rappelons que le rapport Mapping, publié par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme en 2010, recense par ordre chronologique et par province 617 « incidents », de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de possibles crimes de génocide commis entre 1993 et 2003. Cette période couvre les deux guerres de la RDC, qui avaient impliqué jusqu’à neuf armées étrangères, dont les troupes rwandaises.

Rodrigue ZAGABE

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